Enquête sur la sexualité
Manuscrit autographe de la première séance des recherches sur la sexualité, le 6 mai 1928. Suite de l' « Enquête sur la sexualité », avec une septième séance dont l'un des participants (« Y ») est peut-être une femme. C'est pourtant par le thème de la bestialité que commence l'entretien, Jean Baldensperger évoquant des souvenirs zoophiles. On en vient à la question de la propreté, qui suscite des interprétations variées, puis à celle de la scatologie et des blagues qui y sont associées. Les grandes questions abordées dans les entretiens précédents, et notamment celle de la jouissance féminine, sont ici abordées d'une manière plus technique, un certain nombre de pratiques masturbatoires étant interrogées. [site Atelier André Breton, 2005]
Textes autographes, 6 mai 1928. - 7e séance : 11 pages grand in-4° manuscrites à l'encre noire. Participants: Jean Baldensperger, Jacques Boiffard, André Breton, Jean Canpenne, Marcel Duhamel, Marcel Noll, Jacques Prévert, Georges Sadoul, Pierre Unik et Y. (non identifié) : « Breton. - Nous avons discuté très brièvement au cours d'une séance précédente sur la question de la bestialité. Toutes les personnes présentes s'y sont déclarées hostiles, ont affirmé qu'elles n'avaient jamais manifesté aucun penchant de ce genre et qu'il n'y avait pas lieu d'insister. » Petits dessins originaux à l'encre noire, pages 4 et 9. Ratures et corrections. [catalogue de la vente, 2003] Bibliographie - José Pierre, (présenté et annoté par), Archives du surréalisme publiées sous l'égide d'Actual, tome 4, Recherches sur la sexualité, janvier 1928 - août 1932, Paris, Gallimard, 1990, pages 139 à 147.
Transcription
ANDRÉ BRETON : — NOUS avons discuté très brièvement au cours d'une séance précédente sur la question de la bestialité. Toutes les personnes présentes s'y sont déclarées hostiles, ont affirmé qu'elles n'avaient jamais manifesté aucun penchant de ce genre et qu'il n'y avait pas lieu d'insister.
JEAN BALDENSPERGER : — Je trouve au contraire qu'il y a lieu d'insister, parce que cela est à l'origine de la jouissance chez moi. J'avais une ânesse qui vit toujours avec laquelle pendant un an j'ai eu des rapports très étroits.
JACQUES PRÉVERT : — Quel âge avait-elle ?
JEAN BALDENSPERGER : — 2 ans.
JACQUES PRÉVERT : — Et vous ?
JEAN BALDENSPERGER : — 14.
ANDRÉ BRETON : — Voulez-vous caractériser aussi exactement que possible les rapports en question ?
JEAN BALDENSPERGER : — Ils se passaient à travers une chemise. En général, je l'attelais, puis je l'emmenais dans la forêt, puis j'enlevais la partie du harnachement qui est derrière avec la sensation très nette de déshabiller quelqu'un puis je me livrais à mes petites passions. Je la rattelais et je rentrais chez moi.
JACQUES PRÉVERT : — Quelle était l'attitude de l'ânesse ?
JEAN BALDENSPERGER : — Voilà ce qui devient très intéressant. Les premiers temps elle était toujours disposée, niais plus tard elle ne se laissait faire que lorsqu'elle était en chaleur.
JEAN CAUPENNE : — Quelle position adoptais-tu ? Montais-tu sur une pierre ?
JEAN BALDENSPERGER : — Non, parce qu'elle était assez petite et que j'étais assez grand. Ce n'est qu'après que j'ai découvert qu'on pouvait se branler tout seul.
ANDRÉ BRETON : — Quel genre d'émotion éprouviez-vous à la suite de cet acte ?
JEAN BALDENSPERGER : — Les premiers temps du dégoût, avec la peur qu'on s'en aperçoive chez moi.
ANDRÉ BRETON : — Qu'est-ce qui avait présidé au choix de cet animal plutôt qu'à tout autre ?
JEAN BALDENSPERGER : — C'est lui que je voyais le plus souvent. C'était toujours,le mardi et le samedi avant la classe d'histoire parce que j'étais libre à ces moments-là.
ANDRÉ BRETON : — Que penseriez-vous maintenant de recommencer ?
JEAN BALDENSPERGER : — Cela ne me ferait rien. Mais cela ne me dégoûterait pas.
PIERRE UNIC : — Vous n'avez jamais eu aucune attirance pour d'autres animaux ?
JEAN BALDENSPERGER : — Il y avait une chèvre. Mais c'était très rare. Je ne l'enculais pas. Cette zoophilie est très fréquente à la campagne.
JEAN CAUPENNE : — Il serait curieux de savoir si même des personnes à qui cela déplaît actuellement n'ont jamais eu des rapports avec les animaux.
MARCEL DUHAMEL : — Le seul plaisir que j'aie jamais éprouvé avec des animaux, c'est avec des petits chiens, en me faisant mordiller la main. Cela n'allait pas jusqu'à la jouissance.
Lien vers le manuscrit : [1]