Blog:2021-07-19
De la violence envers les élus
Un débat a lieu en ce moment sur la chaine d'information CNews à propos de la violence faite à l'encontre des élus.
Je pense qu'il serait intéressant que je donne mon point de vue à ce sujet.
La violence envers les élus est, selon moi, compréhensible, mais regrettable. Je ne la cautionne pas, et je ne l'ai jamais pratiquée, et je ne la pratiquerais jamais.
La société dans laquelle nous vivons a des règles, et, pour le bien de cette société, pour sa cohérence, il faut suivre les règles du jeu.
Chacun ne peut pas faire ce qu'il souhaite dans son coin.
Comme beaucoup de personnes de ma génération, j'ai grandi avec Napster, Emule, le P2P, le téléchargement de MP3 en ligne.
Nous avons découvert le projet de loi Hadopi.
Je me souviens avoir découvert le fonctionnement de la politique (la séparation des pouvoirs, le fonctionnement de l'Assemblée, etc) à cette époque là.
J'étais naïf (je peux l'être encore) et j'ai essayé de suivre les règles de la société.
Etant contre ce projet de loi Hadopi (qui voulait lutter contre le piratage en ligne), j'ai mis sur pieds un petit dossier de quelques pages.
J'avais pris rendez-vous avec mon député de l'époque, qui était une personne importante, qu'on entend encore régulièrement à la télévision.
Et, lors de ce rendez-vous, j'ai pris 2 claques.
D'abord, j'ai posé la question : "Désolé, vous devez en avoir assez de recevoir des demandes de rendez-vous pour vous parler de ce projet de loi...", et la réponse fut un chox : "Non, pas du tout, vous êtes le premier".
Comment, avec toutes les personnes qui étaient contre ce projet de loi, personne n'avait fait l'effort de demander un entretien au député ???
Ensuite, je suis arrivé fièrement avec mon petit dossier, mes arguments, style "Ce n'est pas comme une baguette de pain, si on vous la vole, vous ne pourrez pas la revendre. La musique sur Internet c'est différent".
Et là, la réponse fut le second effet kiss cool : "Vous savez, monsieur xxx, moi je ne comprends pas grand chose à ce projet de loi, à Internet, tous ces trucs, alors je vais simplement suivre l'avis du Gouvernement sur la question."
Je me souviens, c'était l'époque de Franck Riester et de Christine Albanel, avec son expression "Anéfé" :
J'ai insisté : "Mais vous êtes le députés de plusieurs dizaines de milliers de personnes, vous les représentez, vous ne pouvez pas prendre 5mns pour tenter de comprendre ?".
"Ma spécialité, c'est l'agriculture, les énergies renouvelables, Internet, ce n'est pas mon domaine"...
Et de là, la discussion a été close. Il m'aura fallut plus de temps pour faire le trajet jusqu'au lieu de rendez-vous que le temps de rendez-vous lui même.
Depuis cette lointaine époque de l'Hadopi, j'ai tenté de faire connaitre ma voix avec les journées "Animal et société", et, en ce moment même, sur la Proposition de loi 3661.
Suivre les règles est extrêmement frustrant, surtout quand les réponses en face son méprisantes.
J'ai encore en tête la réaction du rapporteur de la PPL actuel, lorsqu'il parle des emails que j'ai envoyés à l'ensemble des députés :
(Voir à 8 minutes 15)
C'est comme se battre contre des moulins à vent.
Alors, que faire face à cette frustration ? Continuer à croire. Parce que je n'ai pas le choix.
Mais je peux comprendre que, dans des situations de ce genre, des citoyens peuvent perdre patience, et commencer à menacer les élus, les députés.
Je ne cautionne pas ces pratiques, je ne les encourage pas, je ne les excuse pas, mais je peux les comprendre.
Je vous renvoie vers la réponse que j'ai donnée lors d'une interview sur la PPLAnimaux.
Il faut une résilience à toute épreuve pour faire face à ces réactions, ou plutôt ces non-réactions.
Combien de personnes me disent "Mais arrête, tu perds ton temps, ça ne changera pas de toute façon, tout sera interdit à terme".
Non, j'ai envie d'y croire, j'ai besoin d'y croire.
Concernant l'instruction judiciaire en cours contre AnimalZooFrance.com, comme je ne cesse de le répéter ici, il y aura une ordonnance de non-lieu qui sera rendue à son issue.
Mais je n'arrive pas à sortir de mon esprit cette interrogation sur la volonté de nuire du juge d'instruction.
Est ce que par vengeance, celui ci ne pourra pas malgré tout essayer de me nuire ?
Comme l'explique Carreen Maloney dans Uniquely Dangerous, livre documentaire sur la vie de Douglas Spink, célèbre zoophile américain, décédé d'un cancer début 2020, la justice s'en prend aux zoophiles de façon indirect si elle ne peut pas les faire condamner directement, en s'en prenant à ce qu'ils ont de plus cher : leurs animaux.
Dans le cas de Douglas Spink, ses animaux ont été saisis. Il avait plusieurs chiens. La journaliste a enquêté sur le sort de ces animaux, et est arrivée à d'autre conclusion qu'ils ont été euthanasiés.
C'est la crainte que j'ai actuellement.