PPL3661:Une curieuse interview
Vous trouverez ici mes réponses à une interview faite par des étudiants en école de journalisme.
Cet échange date d'avril 2020, après le passage de la Proposition de loi auprès des députés.
J'avais des doutes quant à leur qualité mais une brève vérification m'a permis de vérifier que c'était bien le cas.
J'ai mis en gras et souligné les questions qui m'ont été posées, suivies de mes réponses.
Bonjour, comme promis, voici la réponse aux questions que j'avais reçue. Vous en avez rajouté plusieurs, je vais donc me mettre à la rédaction de ces réponses. - Pour vous, est-il possible de pratiquer la zoophilie tout en prenant en compte le bien-être de l’animal ? Il faut comprendre ce que représente la zoophilie dans une relation avec un animal. Tout comme une relation avec un être humain, le sexe ne représente qu'une infime partie du temps passé ensemble. Il faut donc comprendre la relation que nous avons avec nos animaux, pour pouvoir répondre à votre question. Les animaux sont pour nous des compagnons de vie au quotidien. Je « possède » plusieurs animaux, et je fais tout mon possible pour augmenter leur bien-être. Je sais que ce n'est pas parfait, et que le fait d'avoir un seul chien fait qu'il peut s'ennuyer de temps en temps, même si je suis toujours avec lui (cf. la loi Suisse qui impose d’acquérir les animaux par 2 pour limiter l’ennui) Je possède un poney, entier, qui a un caractère qui fait que je ne peux pas le mettre avec un autre animal. J'ai déjà essayé, et ça tourne rapidement au drame. Donc, pareil, ce n'est pas parfait pour lui, donc son bien-être n'est pas aussi bien que je le souhaiterais. Mais le bien être de mes animaux est largement, très largement au-dessus des autres animaux de compagnie de la majorité des gens. Mes animaux sont suivis par un vétérinaire, la nourriture est de bonne qualité, le foin de qualité, etc. Le bien être est donc une priorité. J'ai par exemple « dû » prendre des cours dans une école de chiots il y a quelques années afin que mon chiot grandisse dans de bonnes conditions, avec d'autres chiots. J'ai appris la communication avec les animaux, à travers des livres, des séances pratiques (cours d'éthologie pour les chevaux par exemple). Donc, le bien-être de l'animal est absolument toujours pris en compte, dans mon cas en tout cas. Je ne peux pas parler au nom des zoophiles, mais vos prochaines questions vont permettre d'aborder ce sujet. - Quelles sont les différent(e)s courants/pratique dans la zoophilie ? Pensez vous que certaines soient à bannir/autoriser ? Il y a une quantité très impressionnante de courants et de pratiques dans la zoophilie. Il y a d'abord le spectre des relations qu'un Homme peut entretenir avec un animal. Ce spectre va du fantasme, fétichisme, où le fait de caresser un animal procure du plaisir sexuel, au zoo-sadisme, où la violence sur un animal, sinon sa mort, est nécessaire à l'orgasme. Ce sujet est particulier, ce n'est pas pour moi de la zoophilie, mais je me dois de vous en parler pour être transparent et couvrir tout le spectre des possibles. Entre le fétichisme et le zoo-sadisme, il y a toutes les relations sans pénétration (je classe la fellation dans ce cas-là, avec que la masturbation), et ensuite les relations avec pénétrations (que l'animal pénètre ou soit pénétré). Pour chacune de ces composantes du spectre, il faut prendre en compte l'espèce de l'animal, mais également s'il est actif ou passif dans la relation. On arrive donc à un spectre des possibles assez complexe. Et c'est, à mon avis, dans cette complexité que le législateur se perd lorsqu'il tente de légiférer sur le sujet. On ne peut pas considérer de la même façon une femme qui masturbe son chien et un homme qui pénètre une chienne. Pour répondre simplement à votre question : - il y a donc des pratiques à bannir (on ne peut pas pénétrer une poule ni attacher un poney pour le sodomiser, je ne parle même pas du zoo-sadisme) - il y a des pratiques à autoriser : la masturbation des animaux mâles ou le cas d’chien qui pénètre une femme Si vous me donnez des exemples précis, je vais pouvoir vous répondre facilement "à bannir" ou "à légaliser". Mais la difficulté, lorsqu'on fait une loi, réside dans la rédaction du texte. Comment rédiger un texte pour ne cibler que les cas que l'on souhaite interdire ? C'est quasiment mission impossible dans notre société. Le sujet étant déjà compliqué à aborder, alors aborder ses détails... Pour ma part, dès qu'il y a contrainte ou violence, c'est à interdire. Il faut également une compatibilité anatomique des organes génitaux pour les cas de pénétrations, si c'est l'animal qui est pénétré. Je dirais que le pénis de l'homme ne doit pas être plus important que le pénis de l'animal mâle. Après, il y a toute la zone que je qualifierais de "grise". J'ai entendu parler de pratiques avec des animaux qui "utilisent" un animal pour procurer du plaisir çà un être humain. Je ne suis pas attiré par ces pratiques, mais je ne sais pas quoi en penser. Et pourtant, je devrais avoir un avis sur la question. Je pense que la réponse à cette question ne devrait pas venir des zoophiles, mais de la société, et sa façon de traiter les animaux sur le plan éthique. Par exemple, un homme sur qui un veau est en train de faire une fellation. Je trouve ce sujet dérangeant, parce que l'animal ne subit aucun traumatisme, aucune violence. Des recherches que j'ai pu faire, un veau tête tout ce qui passe à proximité et ressemble au pis d'une vache. Et ce veau sera probablement abattu dans quelques mois pour finir à la boucherie. Quel mal y a-t-il à "utiliser" un animal pour procurer du plaisir ? En quoi est ce différent qu’un veau une fellation à un homme ou qu’une femme fasse un parcours de CSO avec son cheval ? Dans quel cas l’animal est le moins violenté ? Je ne peux donc pas répondre à cette question. Si on écarte ici la question sanitaire, mais si on prend le cas d'une personne en bonne santé, je ne pense pas que pratiquer une fellation puisse mettre les jours du veau en danger, ni le consommateur de viande derrière. Mais il faudrait étudier le sujet pour en être sûr. Mais tout ceci pour vous démontrer que c'est un sujet complexe, et je ne peux donc pas vous répondre sur "qu'est-ce qu'il y a à légaliser dans la zoophilie ?" Personnellement, mon "militantisme" repose non pas sur la défense de la zoophilie en général. Mais sur la défense de ma façon de vivre, donc de certaines pratiques uniquement. Ces pratiques incluent la masturbation, la fellation et la pénétration par les animaux. Ces pratiques s'entendent en totale liberté, sans aucune contrainte, avec des animaux que nous connaissons, et pour les individus avec lesquels nous savons communiquer. Et j'arrive donc à votre prochaine question : - Que répondez vous aux personnes disant qu'un animal ne peux pas explicitement consentir ? Je vais reprendre la citation d'un célèbre zoophile américain, Douglas Spink (dont il a été fait un livre : Uniquely Dangerous) : "Si un animal ne peut pas consentir à une relation sexuelle avec un être humain, alors il ne peut pas consentir avec un partenaire de son espèce, et la nature ne serait qu'une succession de viols". Il y a 2 réponses distinctes à cette question. La première, la plus simple, est de dire que dans notre société, le consentement de l'animal n'est jamais recherché, dans aucune relation avec l'animal. Personne ne demande à son chien le type de croquettes qu'il veut manger. On engueule son chien s'il vole sur la table, s'il aboie, s'il mord. On prélève le sperme des mâles pour inséminer les femelles, on achète des chevaux pour faire du sport. Comme je le dis souvent : Si j'achète de la semence de cheval pour faire inséminer ma jument, personne ne dit rien. J'enlève le poulain de sa mère à 1 an, je le débourre à 3 ans, je le mets dans un centre équestre, dans un box de 9m², personne ne dit rien. Je le fais castrer pour ne pas m'embêter avec un entier, qui sont refusés en général dans les centres équestres. Je lui mets une selle sur le dos, je fais un parcours d'obstacles. S'il en refuse un, c'est coup de cravache, personne ne dit rien. A la fin de la séance, je le ramène au box, je le brosse, et si là, à ce moment-là, j'ai ma main qui va toucher le fourreau et le pénis de mon cheval pour le masturber, c'est le monde entier qui se lève en me disant que je n'ai pas le droit, que mon cheval n'est pas consentant, c’est du viol. La seconde, c'est qu'un animal peut être consentant. Oui il ne peut pas parler, mais est ce que le langage est nécessaire pour exprimer un consentement ? Est-ce qu’un sourd et muet peut consentir à un rapport sexuel ? La communication est nécessaire, mais pas le langage. Il faut prendre du recul sur cette question : est-il possible de communiquer avec un animal ? Il existe une quantité incroyable de livres sur la communication avec les chiens, les chevaux. Il existe même une équitation éthologique, plus proche du "langage des chevaux". Il existe des "chuchoteurs de chevaux". Quiconque "possède" un animal sait dire dans quel état d'esprit son animal se trouve, s'il est content ou pas. Essayez de faire prendre un bain à votre chien, vous saurez de suite s'il en a envie ou pas. Donnez-lui des légumes à manger, ou un bout de steak. Est ce qu'il est content de partir en balade ? est ce qu'il est content quand vous jouez à la balle avec lui ? Quand vous lui grattez les oreilles ? Evidement qu'un chien, un cheval, ou autre, sont capables de consentir, non pas seulement à un acte sexuel, mais à tout un tas de situations. Pour moi, la question la plus intéressante serait "pourquoi parler du consentement animal uniquement dans le cadre sexuel ?" Les personnes qui expliquent qu'un animal ne peut pas consentir sont des personnes qui soit n'ont pas d'animaux, soit ne savent pas communiquer avec eux, soit voient les animaux comme des enfants et nie leur capacité à avoir une vie sexuelle (ce monde où la castration est religion) Mais avant de parler de consentement, il faudrait se poser la question du plaisir sexuel chez l'animal, parce qu’énormément de personnes le nie. Combien de personnes vous expliqueront que les animaux ont des relations sexuelles uniquement par envie d'avoir une descendance ? Notre société commence juste à accepter le fait que certaines espèces puissent avoir un plaisir sexuel, comme le dauphin ou certaines espèces de singes. Mais comment pourrait-on prélever la semence d'animaux avec des vagins artificiels si le plaisir sexuel n'existait pas ? Je ne parle pas ici des électroéjaculations, où le problème du consentement est vite répondu ... Pour résumer, dans mon cas personnel, dans la relation que j'ai au quotidien avec mes animaux, il y a une réelle communication. Ils peuvent avoir certaines demandes, dans tout un tas de domaine, et c'est moi qui donne un cadre. Par exemple même si mon chien veut prendre de la nourriture sur ma table, je lui refuse. S'il souhaite aller balader alors que je suis fatigué, j'évalue son envie. S'il il a vraiment envie, on part en balade. Le sexe n'est pas différent, pour les animaux, d'une autre activité qui procure du plaisir, comme une balade ou de la nourriture. Si l'envie vient de mon côté, je lui fais comprendre, et c'est à lui de décider. Si j'ai envie de faire une balade, des fois il est fatigué et n'a pas envie de sortir. Donc on ne sort pas. - Est-ce que vous qualifieriez la communauté zoophile "d'organisée" ? Vous arrive-t-il de débattre entre vous ? Il est très difficile de répondre à toute question relative à "la" communauté zoophile. Il n'y a pas de communauté à proprement parler. Il y a quasiment autant de communautés qu'il y a de diversités dans le spectre des relations possibles entre un homme et un animal. Et il y a également la distance physique qui fait qu'il existe des "communautés" un peu partout. Je peux simplement vous parler de "la" communauté dans laquelle je m'inscris et dont je fais partie depuis plus de 20 ans maintenant. Nous arrive-t-il de débattre ? Mais nous sommes de véritables philosophes ! Nous aimons échanger sur différents sujets autours des animaux, argumenter, confronter nos opinions. Il y a des sujets qui font consensus, d'autres non. Vous pouvez faire le parallèle avec les homosexuels : il y a plusieurs communautés, les personnes revendicatrices, celles qui vivent sans rien revendiquer. Nous sommes pareil. Des amis prônent le "vivons heureux, vivons cachés". D'autres, comme moi, pensent que nous devons un minimum nous protéger et se tenir au courant du monde qui nous entoure. Est-ce que nous sommes organisés ? Je vais vous répondre "oui", sans hésiter. Mais le "nous" ne comporte pas des centaines d'individus. Tout au plus quelques dizaines. Je réponds "oui" sans hésiter, pour plusieurs raisons : Le terme "organisés" est à définir, mais nous avons, et c'est curieux, chacun une "spécialité" qui fait que "notre" communauté tient à peu près la route depuis plus de 20 ans. Une synergie s’y est même créée. Il y a des personnes qui s'intéressent aux chiens, aux chevaux, il y a des personnes qui travaillent avec des animaux, il y a des personnes qui aiment philosopher, il y a des personnes qui ont des qualités de rédacteur, d'organisateur, etc Il y a souvent un point d'entrée distinct dans notre petite "communauté". Il peut y avoir des désaccords, par exemple, vis à vis des associations de protection animale : faut-il essayer de nouer un contact avec elles ? Je pense que oui, d'autres pensent que non. Encore une fois, votre question est biaisée par votre vision "zoophile". Je vais donc répondre à ma manière pour résumer : "nous sommes une bande d'amis, une grosse dizaine de personnes. Comme toute bande d'amis, il y a une organisation qui s'installe. Certains vont être plus à même de faire certaines choses. Nous nous aidons pour nos animaux. Si nous avons une question sur le comportement d'un animal, nous savons à qui demander. Au pire à l'ami d'un ami, qui ne serait pas zoophile, mais qui pourrait, pour diverses raisons, avoir la réponse. Le sexe n'est qu'une infime partie de notre vie. Donc, comme nous sommes organisés pour tout ce qui touche à nos animaux, nous sommes également organisés pour tout ce qui touche au sexe." Il y a une synergie dans notre groupe d'amis, qui a permis de mettre en place des forums et une encyclopédie. Afin de trouver et d'aider les "comme nous" qui sont, au final, quasiment inexistants. Mais nous réclamons, malgré notre faible nombre, le droit à exister, à vivre avec nos animaux comme nous l'entendons, et ceci, sans avoir peur de la police ni de la justice. - Par quels moyens défendez vous votre opinion ? Si nous jugeons que notre opinion doit être défendue, comme avec le cas de la proposition de loi 3661, alors nous faisons tout ce qui est possible pour défendre nos intérêts. Nous avons la chance d'être relativement bien éduqués et d'avoir des cerveaux qui fonctionnent correctement, ce qui est un atout, quand on voit la quantité de décérébrés qu’il y a sur les réseaux sociaux, les complotistes ou autre. Mais nous devons toujours faire attention à notre anonymat, donc les moyens sont de fait réduit : exit les conversations téléphoniques par exemple. Si nous pouvons nous rendre à des évènements physiques, c'est grâce à nos actions dans la cause animale que nous y sommes, pas en tant que zoophile. Nous avons fait une lettre ouverte pour les députés, afin de les alerter sur les effets de bords incroyables que cette proposition de loi allait engendrer. Je crois que nous avons été entendus, malgré le mépris de Dimitri Houbron, qui a raillé nos actions lors du passage du texte en commission. Nous contactons les députés par email, le courrier postal étant trop cher pour les moyens financiers que nous possédons (nous ne faisons pas d'appels aux dons, pour des raisons évident d'anonymat) Il y a également une veille qui consomme énormément d'énergie et de temps. Cela permet de trouver les infos au bon moment, et de réagir assez rapidement. - Comment souhaiteriez-vous voir évoluer la législation française sur ce sujet ? Idéalement, je souhaiterais une législation comme l'Allemagne : les actes sexuels où l'animal est contraint sont condamnés. Il faut également introduire la notion de douleur, de souffrance, ou d’incompatibilité anatomique. Mais cela n'arrivera jamais. Il m'a fallu plus d'une décennie pour assumer ce que je vais vous expliquer : Je me suis longtemps posé la question : "est ce qu'il vaut mieux une loi qui interdise toute forme de zoophilie, mais qui du coup interdira les actes de maltraitances, parce qu'ils existent, ou une loi qui m'autorise à vivre ma vie légalement, avec la crainte que soient autorisés des actes que je souhaiterais voir interdire ?" Après plus d'une décennie à me poser la question, j'ai enfin trouvé la réponse grâce au travail de l'association Animal Cross et des députés Houbron et Dombreval. J'ai approché de si près un mensonge à grande échelle que je n'ai plus de compassion pour les députés ni leur travail. C'est donc à eux de faire le travail, correctement, pas à moi. Moi, mon travail est de faire en sorte que la loi ne pénalise pas ma façon de vivre, voir celle de mes amis. Si mes actes font en sorte que la loi n'évolue pas pour le bien-être animal, le problème ne vient pas de moi, mais du législateur, qui n'a pas fait correctement son travail. Nous avons demandé à être auditionnés lors des auditions préalables au passage du texte en commission. Nous n’avons pas eu de réponse. L'association Animal Cross, avec son président Benoit Thomé, est partie en croisade contre la zoophilie depuis plus d’un an. Ils ont fait déposer, par le député Dimitri Houbron, un amendement qui visait à interdire absolument toute forme de relation sexuelle avec les animaux, même sans pénétration. Ils souhaitaient interdire qu'une femme se femme lécher les parties génitales par son chien. Il me semble que nous aurions pris là un chemin qui aurait dépassé le cadre du bien-être animal. A trop en vouloir, l'association Animal Cross a rendu ce texte impossible à être appliqué, donc à être voté. Dans une pétition, toujours en ligne, elle explique qu'elle a été choquée que le ministre de l'agriculture, Julien Denormandie, n'ai pas demandé une nouvelle définition des sévices à interdire. Mais ce n'est pas son rôle, c'est le rôle du législateur de faire des propositions réalistes via des amendements. C'était à M Houbron de présenter un amendement de replis, avec une définition moins stricte, au cas où l'amendement principale ait été rejeté. J'espère avoir répondu à vos questions, dans le cas contraire, si vous avez encore des questions, n'hésitez pas à me les poser, je me ferais une joie d'y répondre le mieux possible. ---- Bonjour, voici la suite des réponses.
Je vous présente mes excuses sur d'éventuelles fautes de français ou de mots manquants.
J'ai passé pas mal d'heures sur leur rédaction, et je dois passer à autre chose.
N'hésitez pas si vous avez d'autres questions.
- Qu’interdit exactement la loi française en termes de zoophilie ? Le texte de loi actuel présente-t-il des incohérences ? La loi interdit les sévices de nature sexuel sans en définir le terme. C'est donc aux juges de définir ce qui rentre dans cette notion. Pour l'heure, la jurisprudence est très faible. Une personne a été jugée, le cas a été jusqu'en cassation : la personne expliquait qu'il n'y avait pas eu de sévices au sens de violence. Le juge a estimé qu'il y avait eu pénétration de l'animal, et que cela constituait des sévices de nature sexuelle. Donc, la loi française interdit les sévices de nature sexuelle, on ne sait pas exactement ce qu'il y a derrière cette notion, si ce n'est pour le moment les actes de pénétration sur un animal. Peut être que demain un juge estimera que le fait qu'une femme fasse une fellation à un chien sera constitutif de sévices de nature sexuelle. Il n'y a pas, selon moi, d'incohérence dans la loi actuelle. Elle est bien pensée. S'il y a sévices, il y a condamnation. Ce qui est incohérent, c'est la jurisprudence : pourquoi le fait de pénétrer un animal constitue des sévices de nature sexuel ? Tous les jours des animaux sont pénétrés pour les inséminer, et cela ne semble pas être illégal. On doit introduire un bras dans le rectum des juments ou des vaches pour les inséminer. Et la taille d'un bras et celui d'un pénis humain n'a quand même rien de comparable. S'il y a une incohérence, elle est à ce niveau là. - Que pensez-vous du projet de loi porté par Dimitri Houbron ? Sur le projet de loi initial : l'article 11 lutte contre la zoo-pornographie. Je ne suis pas concerné par le sujet, donc je n'ai pas d'avis. En tant que "philosophe" de comptoire, la censure sur Internet m'intéresse. Et nos sociétés occidentales ont un problème avec la diffusion de la pornographie, sous toutes ses formes, lorqu'elle est accessible par des mineurs. Et c'est normal. Et j'ai beau réfléchir au problème, je n'ai pas de solution. L'executif a fait voter un texte il y a peu pour obliger les sites à vérifier l'âge des visiteurs (dans la loi contre les violences conjugales). Je pense que la loi portée par M Houbron est incluse dans ce texte du Gouvernement, et que donc, de ce point de vue, elle fait doublon. Sur les amendements déposés par M Houbron, c'est du grand n'importe quoi. Il se prend les pieds dans le tapis : en commission, il retire un amendement mais se trompe sur le suivant et défend celui qu'il venait de retirer. En séance, il propose un amendement qui réécrit complètement l'article 11, faisant passer à la trappe la lutte contre la diffusion de la zoopornographie. Ces amendements sont issus de l'association Animal Cross. Ils reprennent exactement, mot pour mot, ses propositions. Nous avons alertés sur ces problèmes. J'ai personnellement tenté de rentrer en contact avec Animal Cross, à plusieurs reprises. Plutôt que de s'entéter à absolument tout interdire, il aurait été bien mieux (mais c'est uthopique) de collaborer ensemble afin de produire des amendements dignes de ce nom. - Comment vous est venue l’idée de créer le site animal zoo France ? Comment avez-vous connu les autres administrateurs du site ? L'idée est venue de façon naturelle, dans le déroulé des choses. Nous nous sommes rencontrés avec le tout début d'internet. Nous vivions nos vies chacun de notre côté, en pensant que nous étions seuls au monde. Et un jour, l'étincelle, la délivrance : "je suis pas seul". Donc on s'est rapprochés, on a lié des amitiés, on s'est trouvé des affinités. Au début je pensais que tous les zoophiles étaient comme moi, comme nous. Et au fil du temps, j'ai vu qu'il y avait des personnes qui ne voyaient dans les animaux que des pénis vivant. Nous avions, assez rapidement, mis en place un forum. Et, au bout d'un moment, à force d'accumuler des informations sur le sujet, nous avons trouvé naturel de mettre en place une encyclopédie pour présenter ces documents. AnimalZooFrance est une encyclopédie créée pour centraliser les informations sur la zoophilie. - Quel est l’impact d’animalzoofrance ? Ce site est-il important pour la communauté zoophile en France ? Ce site est il important pour la communauté zoophile ? Non, clairement pas. Tout le monde se fout de concentrer les données. Très peu de zoophiles le consulte. La pluspart des personnes qui cherchent des informations sur la zoophilie cherchent, j'allais dire "hélas", du porno. Ensuite, ils cherchent des petites annonces. Le côté documentation doit intéresser peut être une centaine de personnes dans toute la France. C'est vraiment anecdotique. Mais nous sommes une poignée à penser que ce message doit être présent sur la toile. Ne serait ce que pour aider des personnes qui auraient cette orientation sexuelle et qui recherche des informations sur le sujet. Il n'y a, actuellement, aucun site qui relate les pratiques sexuelles sur les animaux. Aucun site ne fait l'état des lieux sur la loi en France sur le sujet. Sur AnimalZooFrance il y a beaucoup d'informations, que nous sommes en train de trier, parce qu'il y a beaucoup d'informations intéressantes, mais mal rangeés, donc difficilement accessibles. L'impact ? Pour le moment il n'y a eu aucun impact. Nous n'avons eu aucun retour. Nous avons eu plus (+) de retour via le forum que via l'encyclopédie. Je crois que le côté documents n'intéresse pas grand monde. AnimalCross n'a jamais fait mention de ce site par exemple. Même avec la proposition de loi, je pensais que les visites allaient augmenter, mais non, elles restent anecdotiques, contrairement à ce que draine le porno. C'est une des raisons qui me fait dire qu'il n'y a que très très peu de zoophiles en France. Je ne parle pas ici des personnes qui veulent un animal pour une soirée. Je parle des personnes qui vivent avec des animaux. - Comment la communauté zoophile arrive-t-elle à communiquer entre elle, en sachant le tabou autour de la zoophilie en France ? Nous sommes dans l'ère de la communication. Il n'y a donc aucune difficulté pour un zoophile à entrer en contact avec un autre zoophile. De façon virtuelle j'entends. Il y a Télégram, Tor, les VPN. C'est un des problèmes de notre société justement : comment controler les actes répréhensibles qui s'organisent à l'aide de ces technologies ? J'ai enquété pendant quelques temps sur un forum du dark web dédié au zoosadisme. Des internautes qui y publiaient des photos et vidéos d'actes de barbaries et de viol des animaux. Et la police ne peut rien y faire. Mais c'est ces même technologies que nous sommes obligés d'utiliser pour continuer de parler entre nous. Donc, il n'y a, et il n'y aura jamais aucun soucis pour la communauté pour communiquer. Après, pour faire des nouvelles rencontres, cela sera probablement plus difficile. J'ai publié sur notre chaine Youtube des extraits de la présentation de la lanceuse d'alerte qui a contacté AnimalCross, et qui explique comment elle a fait la chasse aux zoophiles pendant 3 ans. - Que reprochez-vous à l’association animal cross ? Ainsi qu’à d’autres associations de protection animale ? Je ne vais parler ici que de l'aspect anti-zoophilie de leur combat. Il n'y a que l'association Animal Cross qui est partie en croisade contre ce sujet, avec une force et une passion extraordinaire. Je ne vais donc vous parler que de cette association. La SPA avait mentionné un forum il y a plusieurs années, mais c'est très anecdotique comparé à AnimalCross. Benoit Thomé est obsédé par ce sujet au point d'avoir fait une enquête sur le sujet. Il a essayé de créer un dossier le plus à charge possible pour tenter de démontrer que la zoophilie doit être interdite, sous toute ses formes. Et c'est cet aspect que je reproche à AnimalCross. Je suis le premier à avoir un point de vue objectif sur la zoophilie : c'est une orientation sexuelle à réguler, comme l'hétérosexualité ou l'homosexualité : tout n'est pas permis, le viol, les agressions sexuelles sont illégales. Mais l'enquête faite par M. Thomé est une plaisanterie. Tout d'abord des mensonges : + Il essaie de démonter qu'une personne qui regarde une vidéo zoophile EST un zoophile, en se basant sur le fait qu'une personne qui regarde de la pédopornographie est un pédophile. Je connais énormément de personnes qui regardent de temps en temps de la zoopornographie, et sont nullement zoophile ! + Il utilise des outils d'analyse pour analyser le traffic sur des sites de diffusions de zoopornographie. Et de là, en estimant qu'une personne regarde une dizaine de vidéos, il en déduit le nombre de français qui consultent ce genre de vidéos, et arrive donc à un nombre d'une dizaine de milliers de zoophiles en France. Et cette données est reprise dans une quantité incroyable de médias français ! Nous avons tenté de répondre à ces fausses informations : nous avons publiés sur notre encyclopédie les statistiques d'accès à notre encyclopédie mais surtout à notre forum. https://www.animalzoofrance.com/wiki/Statistiques Nous sommes très très loins d'avoir 10 000 visiteurs par mois : nous en avons moins de 1 000 ! + L'enquête montre des captures de notre forum, zoolibre, en utilisant des captures d'écran pour démontrer que c'est un lieu d'échange de petites annonces. Je cite M Thomé : "Le présentateur d'après, Aline, en parlera un peu plus mais en fait c'est devenu extrêmement simple pour quelqu'un qui cherche à avoir une aventure sexuelle avec tient je vais faire un chien, j'ai fais le chien mais j'ai pas essayé un cheval, est ce que dans le département 64 il y a quelqu'un qui aurait un cheval et le mettrait à disposition et bien il trouve 64 il essaie d'identifier quelqu'un et hop il fait son affaire." Nous faisons la chasse à ce genre de contenu sur notre forum, parce que nous sommes contre ce genre de demande. C'est écrit partout : les annonces à but sexuel sont interdites. Nous ne sommes qu'une minorité au sein d'une minorité. Et M Thomé utilise des messages que nous même nous contestons, pour tenter de nous combattre. + La comparaison systématique entre pédophilie et zoophilie. Je cite la lanceuse d'alerte : "zoolibre, ceux sont des individus qui sont des ardents défenseurs de la zoophilie, et ne vont pas forcément sur des pratiques libertines ou SM, là on est dans l'entre-soi zoophile pur et dur qui se considèrent comme des protecteurs d'animaux, très au fait de la législation française et qui suivent de très près ce qui les concerne. Ils considèrent que les animaux les aiment, et donc que ces animaux aiment avoir des actes sexuels avec eux et l'humain en général. Ils en sont persuadés et légitimisent leurs actes sous le couvert du mot "amour". Tout comme pourrait le faire un pédophile en disant : il m'aime et je l'aime, donc il aime ce qu'on fait ensemble. C'est exactement le même schéma mental hein. En tous les cas ils s'en persuadent dans les 2 pratiques." Ces personnes là voient les animaux comme des enfants. Mais les animaux sont sexuellement mature, ont une vie sexuelle. Mais ils ne le voient pas, parce que dans le monde de la protection animale, la stérilisation de masse est la règle. M. Thomé donne la parole, lors de sa conférence, à une avocate qui représente l'association "les droits de l'enfance". Alors que l'on parle ici de zoophilie. Ensuite M. Thomé utilise des études scientifiques pour démontrer que la zoophilie est à interdire : + La thèse de M Baron cite une étude faite au Brésil, qui tend à prouver que les hommes qui pénètrent des anesses ont plus (+) de chance d'avoir un cancer du pénis. Et donc, cela démontre que la zoophile est un risque sanitaire, et qu'il faut l'interdire. Mais la pratique de la fellation chez les êtres humains favorise le cancer de la gorge, via le papillomavirus, c'est scientifiquement prouvé, est ce une raison pour interdire la fellation ?! + Cette thèse cite également des cas de zoosadisme : le cas d'un animal qui a été pénétré par une branche, et qui est morte d'hémoragie. Mais c'est un cas de zoosadisme, cela ne démontre en rien qu'il faille interdire la zoophilie. Ou bien il y a aussi des cas de mutilation chez les hétérosexuels, alors il faut interdire l'hétérosexualité ? + Cette thèse cite également une étude qui tant à démontrer que, statistiquement, des personnes qui commettent des délits envers des personnes ont une tendance supérieur à maltraiter des animaux. Je ne remets pas en cause cette étude. Mais est ce parce que des personnes qui agressent des êtres humains ont majoritairement agressés des animaux fait qu'il faille interdire la zoophilie ?! J'ai 40 ans, je n'ai jamais agressé personne, je n'ai jamais été en prison. Et personne dans notre petite communauté n'a séjourné en prison. Je ne nie pas la réalité de ces études scientifiques, des personnes qui prennent plaisir à tortuer des êtres vivants commenceront par des animaux, ça me parait logique. Il y a ce tueur en série,n lukas magnotas, qui est une parfaite illustration du phénomène. + Cette thèse incite à une chasse qui peut faire peur, elle propose par exemple de se rapprocher de médecins généralistes, afin de les former à détecter des lésions au niveau de l'anus des hommes, qui pourraient faire penser à une pénétration par un pénis de chien ! Je cite cette thèse: "Les traumatismes rectaux ne sont pas rares dans les cas de zoophilie, et peuvent parfois aboutir à une septicémie ou de sérieuses hémorragies internes. La difficulté réside dans le fait que les médecins doivent y penser lorsqu'ils établissent leurs diagnostics différentiels en constatant ces lésions anales." - Y’a-t-il des associations de protection animale qui soutiennent votre combat ? Des personnalités politiques ? Absolueemnt aucune. Nous avons eu, à de nombreuses reprises, des personnes adhérentes de ces associations qui sont venus nous insulter. Biuen souvent, au fil des discussions, elles ont compris que tous les zoophiles ne sont pas identiques, et que notre façon de concevoir la relation avec un animal était très proche de la leur. Le fonctionnement financier des associations, qui vivent sur les dons, ne peuvent pas nous soutenir. Au mieux elles ne parlent pas de ce sujet. Concernant les politiques, nous avons envoyé notre lettre ouverte à tous les députés. Nous n'avons reçu aucune réponse positive. Au mieux pas de réponse. Au pire des réponses très agressives. J'attends que le cheminement de la loi arrive à son terme pour publier certaines informations, que je ne souhaite pas voir interférer dans les débats actuels. Je vous renvoie à la vidéo de notre chaine Youtube concernant l'interview de M Dombreval et M Masséglia, sur la question que nous avons pu poser à M Dombreval concernant les études scientifiques sur le sujet de la zoophilie. C'est saisissant de voir qu'un député soutient une proposition de loi sans avoir de socle scientifique sur lequel se reposer. Même pas son intime conviction. https://www.youtube.com/watch?v=tT33Yj_x-0g - Confirmez-vous votre présence à la conférence de presse d’Animal cross datant de février 2020 ? Si oui, quel était le but de votre venue et qu’avez-vous tiré de celle-ci ? Oui, nous y étions. Cela a été un choix très difficile à prendre, pour des raisons évidentes de sécurité. Nous avons finalement fait le choix d'y aller à plusieurs, au cas où les choses tourneraient mal. Nous but était double : écouter ce que cette association avait à reprocher à la zoophilie et réaliser une captation audio, afin de garder une trace de la conférence pour analyser le message d'AnimalCross. Ce que j'en ai retiré ? J'avais l'impression d'être dans une secte. Avec la salle acquise à une cause, et le gourou déroulant son plan pour traquer et enfermer une partie de la population. C'était hallucinant. Je repense souvent à cette soirée. Comment des personnes peuvent elles se regrouper, pour enfermer des personnes au motif que ce qu'ils font ne leur plait pas ? Des mots même de M Thomé, seulement 20% des vidéos zoopornographiques sur Internet montre des animaux qui se font pénétrer. Et pourtant, toute la soirée à tournée autours de ce thème, autours du zoosadisme, du cancer du pénis... Mais le côté positif est la captation audio de la conférence, mais également toutes les discussions que nous avons pu avoir les orateurs à l'issu de la présentation et lors du repas prévue en fin de soirée. - Dimitri Houbron, Marjolaine Baron et Benoit Thomé disent avoir reçu des lettres de la part de zoophiles. Marjolaine Baron parle même de lettres anonymes assez menaçantes. Êtes-vous au courant de cela ? Je serais curieux de connaitre vos sources. Nous n'avons eu qu'un échange avec Marjolaine Baron, et l'intégralité de l'échange est disponible sur notre wiki : https://www.animalzoofrance.com/wiki/Lettre_ouverte_aux_d%C3%A9put%C3%A9s_PPL3661 (en bas de page) Je vous laisse seul juge des "menaces" proferées. Comme vous pouvez le constater en visitant notre wiki, nous basons notre communication sur des preuves, sur des faits. Nous essayons au maximum de sourcer ou de démontrer nos propos. L'agressivité et la menace n'a jamais mené nul part. C'est contre productif. Au contaire, j'ai personnellement envoyé plusieurs courrier à M Thomé afin de l'inciter à "travailler" ensemble, pour nouer le débat. Mais je n'ai reçu aucune réponse. Nous savons que M Thomé a fait l'objet de fausses rumeurs par un corbeau dans le quartier où il réside. https://www.sudouest.fr/faits-divers/pau-un-corbeau-denonce-un-riverain-pervers-1711225.php https://www.larepubliquedespyrenees.fr/2020/10/10/victime-d-un-corbeau-un-palois-depose-plainte-ma-vie-est-devenue-un-enfer,2745415.php Mais nous n'y sommes pour rien, et nous savons que ces informations sont fausses. Mais comme le message "Mort à l'ours" taggé sur la porte d'Animal Cross, cette association a beaucoup d'ennemis. Mais nous nous concentrons sur le combat des idées, et de façon courtoise. Je sais qu'un zoophile a contacté un ou plusieurs députés, mais il ne fait pas parti de "notre communauté" derrière le wiki. Je ne connais pas personnellement cette personne. Concernant l'anonymat, dans mes courriers avec les députés M. Houbron et M. Dombreval, je leur ai proposé d'échanger de façon non anonyme. J'ai déjà été par le passé à l'Assemblée nationale rencontrer mon député, et voir des séances. Je leur ai proposé de venir les rencontrer, sous ma vraie identité, si celle ci pouvait ne pas être communiquée à Animal Cross ou à la justice. Je n'ai jamais eu de réponse. - Sur votre site internet, on retrouve des informations personnelles concernant plusieurs personnes ayant travaillé sur le projet de loi de Dimitri Houbron, pourquoi cela ? L'idée principale d'une encyclopédie est d'agreger le plus d'informations possible sur un sujet. Sur le sujet de la proposition de loi, le point central est la conférence de février 2020. Il me semble naturel d'exposer ce qui s'y est passé, les intervenants, qui ils sont. Lorsqu'une personne estime qu'il faut emprisonner les zoophiles, il me semble normal d'expliquer aux internautes qui sont ces personnes qui veulent les informer. Il n'y a normalement pas d'informations personnelles comme des adresses postales ou des numéros de téléphone. L'idée est d'apporter de l'informations, pas de mettre ces personnes en danger. Ces personnes doivent comprendre qu'elles sont responsables de leurs propos. Par exemple, Marjolaine Baron, dans notre échange via Messenger, termine en demandant de la laisser tranquille, que le combat contre la zoophilie n'est pas son sujet principal. Elle sous entend qu'elle n'a plus envie d'en parler. Mais c'est pourtant sa thèse qui sert de socle à M. Thomé pour son enquête. - Comment avez-vous su que vous étiez zoophile ? Était- ce quelque chose d’inné chez vous ? Oui, c'est quelque d'inné chez moi et chez la petite communauté autours d'AnimalZooFrance. C'est un de nos points communs. Après en avoir longuement discuté, c'est comme se découvrir homosexuel. Il est important pour nous de conserver une trace de cette partie de nos vies, parce que ce que nous avons vécu ne pourra certainement plus se reproduire. Nous avons grandi sans Internet. Lorsque nous avons découverte ce penchant pour les animaux, nous ne savions pas que cela existait avant. Nous sommes passés par des phases de questionnement : "pourquoi moi ? Pourquoi cette envie ?" Nous voyions que nous ne rentrions pas dans les cases de la société. La découverte est la même que pour toute orientation sexuelle : un jour, on prend conscience qu'on a une attraction sexuelle pour les animaux. Personnellement, j'ai toujours vécu avec des animaux. Vers 11 ans, le chien de la famille a été un peu trop entreprenant. Et du coup, l'idée a fait son chemin, et étant à l'aise avec lui, j'ai caresser certains endroit que les autres ne caresaient pas. J'ai vu que cela ne le déplaisait pas, voir même que cela éveillait une certaine excitation chez lui. C'est une vie compliquée, une grande solitude. Parce que je ne comprenais pas pourquoi c'était mal, je ne pouvais en parler à personne. Le chien que nous avions dormait normalement dehors. Et, une nuit, il était venu discrètement dans la maison, se coucher sur mon lit, et avait tenté de mordre mon père lorsqu'il avait tenté de le faire sortir. De nos jours, la pluspart des gens ont déjà vu des photos ou des vidéos avant de se dire être zoophile. Sur notre forum, nous avons très souvent des personnes qui se présentent zoophile, parce qu'elles ont vu des vidéos, mais n'ont jamais cotoyé d'animaux. Je ne comprends pas ces personnes. Comment peut on se sentir zoophile sans avoir été en contact avec des animaux ? Sans connaitre le caractère de ces animaux ? - Êtes- vous attiré exclusivement par les animaux, ou êtes-vous attiré par les êtres humains également ? J'ai été exclusivement attiré par les animaux jusqu'à rencontrer d'autres zoophiles partageant la même vie que moi. Petit à petit, en cotoyant des amis homosexuels, je me suis laissé aller, j'ai testé. C'est sympas pour le côté sexuel. Mais je n'arrive pas à avoir de sentiment pour les êtres humains. Je parle d'attachement. Je n'ai par contre jamais eu de relation avec des femmes. Non pas par peur, ni par manque d'occasion. J'ai eu l'occasion "d'essayer" mais au final je ne ressens aucune excitation sexuelle devant une femme nue. Ce côté gay n'est qu'un passe temps récréatif, avec une ou deux occasion par an. Ce n'est pas quelque chose qui m'attire spécialement. Depuis le début du covid, en mars 2020, je n'ai pas eu de contact intime avec des êtres humains, et cela ne me dérange pas. - Possédez-vous un animal de compagnie ? Comment définiriez-vous votre relation avec celui-ci ? Oui je vis avec des animaux de compagnie. Et certains de ferme. Je ne vais pas trop aborder le côté sexuel ici, parce qu'il ne représente absoluement pas la relation que j'ai avec eux. Le relation est la même qu'une personne non zoophile peut avoir avec ses animaux de compagnie. Je les considère par contre comme des animaux. Et utilisent donc leur code. Mon chien fait parti intégrante de ma vie. Il dort avec moi, il vit avec moi, je l'emmène en voiture, il est toujours présent. - Votre sexualité a-t-elle un impact sur votre vie personnelle et professionnelle ? Mon orientation sexuelle, et son acceptation, a eu un impact et continue d'avoir un impact, sur absoluement tous les aspects de ma vie. Si je passe autant de temps pour lutter contre cette proposition de loi, c'est parce que si elle passe, et que par malheur on me retire mes animaux et le droit d'en avoir, ma vie ne servira plus à rien. Comme si vous rendiez un musicien sourd. Ma vie personnelle d'abord, parce qu'il y a eu tout un personnage fictif à créer, des réponses à préparer. Avec le temps c'est devenu une habitude. Mon style de vie peut faire poser des questions à mon entourage : Pourquoi célibataire ? Pourquoi des animaux à la maison ? Pourquoi que des hommes qui viennent me voir ? Sur ma vie professionnelle, l'impact est énorme. Mon style de vie nécessite que je sois à la campagne. Mais mes études me poussent à être cadre dans l'informatique, donc dans une grande ville. Il y a donc des compromis à trouver. Lorsqu'on a des animaux auxquels on tient, on doit poser des jours de congés lorsqu'ils sont malades. Ce n'est pas facile à expliquer parfois à l'employeur. Parfois je me dis "bien heureux les simples d'esprit". C'est pourquoi je me refuse à tout racolage, à tout encouragement de la zoophilie. Aucun prosélytisme n'est toléré dans nos rangs : être zoophile, c'est avoir une vie "à part". Et les conséquences sont trop importantes pour encourager des personnes dans cette voie là. - Votre entourage est-il au courant de votre attirance envers les animaux ? L’a-t-il facilement accepté ? J'ai mis au courant les personnes pour lesquelles j'ai ressenti le besoin de le faire. Je n'ai eu absolument aucun soucis suite à ces coming out. Ils m'ont toujours connu avec des animaux, depuis que je suis petit, donc ils n'ont pas été choqués plus que cela. Ils m'ont même posé certaines questions sur le sujet. Lorsque les gens tiennent à vous, le fait que vous ailliez telle ou telle orientation sexuelle ne devrait pas être un problème. J'ai des amis zoophiles qui travaillent dans le monde animalier. Et ils ont expliqué leur penchant à certains de leurs collègues. C'était très risqué, mais à part quelques cas anecdotiques, dans l'ensemble tout se passe correctement. - Avez-vous déjà reçu des menaces ou des injures à l’évocation de votre sexualité ? Dans la vie réelle, non, parce que les personnes à qui j'explique mon orientation sexuelle me connaissent déjà. Donc ils savent que je suis quelqu'un d'équilibré, de "normal" j'allais dire. Ils connaissent mes animaux et savent que je les traite bien, qu'ils sont ce que j'ai de plus cher au monde. Sur Internet c'est différent. Depuis 20 ans, j'ai fais plusieurs expériences sociales, et le schémas est souvent le même : il y a d'abord une meutes qui arrivent avec des réactions non réfléchies, comme pour l'homosexualité : "c'est écoeurant, contre nature, c'est du viol". Puis en expliquant que ceux sont les animaux qui pénètrent dans l'acte sexuel, les arguments en face prennent une autre tournure, et on arrive à une discussion sur la considération de l'animal : "l'animal n'a pas conscience de ce qu'il fait". Et, dans le lot, il y a toujours quelqu'un qui connait les animaux assez bien pour prendre ma défense, et expliquer que, si, les animaux ont des envies sexuels et peuvent être demandeurs. Enfin, comme je connais pas mal le monde de la protection animale, je donne des exemples comme le cheval dans le box que je sors pour faire de l'équitation, et ça termine de les "convaincre" que je fais pas de mal. J'ai eu une mauvaise expérience : à l'âge de 20 ans, un groupe d'ami sur Internet. J'ai expliqué à une amie à qui je tenais beaucoup. Elle a menacé de mettre le reste du groupe au courant. Ce qu'elle a fini par faire. Il y a eu des personnes qui ont refusés de me revoir et des personnes avec qui l'amitié s'est resserrés, avec qui on abordait le sujet, c'était devenu un sujet comme un autre. - Des limites sont-elles fixées en termes de pratiques sexuelles ? Y’a-t-il un « code éthique » à respecter en termes de pratique zoophile ? Cette question n'a pas de sens si vous me la posez directement. Parce que la relation que j'ai avec mes animaux se base sur une communication et un bien être. Dans ma vie j'ai déjà été confronté à des chiens qui n'étaient pas intéressés par le sexe, et c'est leur choix, c'est très bien comme ça. Je n'ai donc pas, personnellement, de code éthique, parce que je n'exige rien, je ne force rien, ce qui m'intéresse, sexuellement parlant, c'est de ressentir un désir sexuel chez mon partenaire. Je ne vois donc pas ce que je pourrais "respecter" comme code. Si l'animal veut, alors il fait. S'il ne veut pas, alors il ne fait pas. Après, lorsque je peux parler à des personnes sur Internet, je leur demande de réfléchir à ce qu'ils font : est ce qu'ils recherchent leur plaisir sexuel, ou celui de l'animal ? En abordant le sujet sous la forme de ces questions, on s'aperçoit qu'il y a un genre de code "éthique". Les limites sont celles de ne pas blesser ni forcer un animal. Même si cela ne s'applique pas, par définit, à la relation que j'ai de mon côté. Et il y a cette zone grise qui me met mal à l'aise, parce que je ne sais pas quoi penser, comme les fellations par des veaux. Je ne comprends pas le plaisir que recherchent ces personnes. L'animal ne ressent aucun plaisir sexuel, mais est ce de la maltraitance ? Je ne sais pas. Mon "code éthique" s'arrête donc là. - Quel message souhaiteriez-vous partager aux personnes qui luttent contre la zoophilie ? Si on fait abstraction de la morale : - Quel mal y a t il à masturber un chien ? - Quel est le problème quand un chien pénètre une femme ? J'aimerais un jour avoir une réponse à ces questions qui permettent de justifier 3 ans de prison, 30 000€ d'amende, et une interdiction à vie de posséder un animal de compagnie. Il y a tellement de pratiques à interdire, comme le zoosadisme, ou la pénétration de petits animaux qui leur est fatal. Il y aurait des enquêtes à mener dans ces milieux là. Nous pourrions travailler ensemble, élaborer des textes et des amendements ensembles.