Le Contexte

Cette proposition de loi concerne la lutte contre la maltraitance animale.
Elle est la première loi conséquente à arriver devant les députés. D'autres tentatives ont été faites durant l'été 2020[1][2], mais sans succès.
Calcul politique oblige, afin de plaire aux défenseurs des animaux, cette proposition de loi a été mis à l'ordre du jour de l'Assemblée Nationale par la majorité LREM.
Cette proposition de loi s'inscrit dans une action de lobby intense menée par l'association AnimalCross:Présentation fin 2019.
La procédure accélérée a été enclenchée par le Gouvernement sur cette proposition de loi, ce qui signifie qu'il n'y aura qu'un seul passage à l'Assemblée Nationale, et un seul passage au Sénat. Il n'y aura donc pas de navette parlementaire. Si le texte voté par l'Assemblée Nationale est différent de celui voté au Sénat (par exemple si le Sénat adopte un amendement qui n'a pas été adopté à l'Assemblée) alors une CMP (Commission Mixe Paritaire) devra statuer sur le texte finale à adopter.[3] Cette proposition de loi est dirigée par la commission des affaires économiques, qui est compétente pour le sujet de la cause animale et du monde agricole en général.[4]

La rédaction en vase clos

Il est important de noter que l'on retrouve toujours les même personnes derrière cette proposition de loi.
En février 2020, Benoit Thomé remercie publiquement :

  • M. Loïc Dombreval, député, de l'avoir auditionné dans le cadre du Rapport Dombreval.
  • M. Dimitri Houbron, député, qui a accepté d'être le bras législatif dans ce combat contre la zoophilie.

En janvier 2021 :

  • La commission nomme les rapporteurs de cette proposition de loi : M. Loïc Dombreval , M. Dimitri Houbron et Mme Laëtitia Romeiro Dias.[5]
  • M. Dimitri Houbron publie sur Tweeter[6][7][8] des captures d'écran de personnes auditionnées en commission. On peut y voir Milton Federici, Chargé des Affaires publiques chez Convergence Animaux Politique, association de lobby des associations de protection animales. Parmi les associations que représente ce lobby, on trouve évidement Animal Cross[9]
  • Dans un mailing envoyé par AnimalCross le 14 janvier 2021, on peut lire : Animal Cross travaille sur des amendements pour améliorer encore le texte et a été entendu en commission à l'Assemblée nationale cette semaine.

Nous avons envoyé un courrier à Mme Laëtitia Romeiro Dias afin de lui proposer de nous auditionner. Nous n'avons reçu aucune réponse.


Le contenu

Ce texte comporte initialement 16 articles visant à lutter contre la maltraitance animale. Plusieurs sujets sont abordés :

  • Article 1 : Création d'un certificat de sensibilisation lors de l'acquisition d'un animal de compagnie.
  • Article 2 : Renforcement l'identification des animaux domestiques.
  • Article 3 : Actualisation du dispositif des fourrières.
  • Article 4 : Généralisation de la stérilisation des chats errants.
  • Article 5 : Renforcer la législation autour des NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie).
  • Article 6 : Amélioration de la traçabilité des actes de névrectomie (suppression des nerfs sensitifs de certains organes, comme par exemple les pieds des chevaux).
  • Article 7 : Introduction d'une nouvelle procédure de vente forcée pour les chevaux abandonnés dans les centres équestres.
  • Article 8 : Renforcement des sanctions pour les actes de sévices graves infligés aux animaux.
  • Article 9 : Création d'un stage de sensibilisation pour les personnes condamnées pour maltraitance.
  • Article 10 : Introduction d'une peine complémentaire pour les cas volontaires de sévices envers un animal.
  • Article 11 : Réprime la production, la diffusion et la consultation de représentations à caractère zoophile.
  • Article 12 : Interdiction pour les cirques itinérants et les delphinariums de détenir des animaux sauvages.
  • Article 13 : Proscrit l’exhibition d’animaux sauvages dans les discothèques et à la télévision.
  • Article 14 : Vise à interdire la détention d’ours et de loups à des fins de présentation au public dans des établissements itinérants.
  • Article 15 : Vise à mettre fin aux élevages de visons d’Amérique destinés à la production de fourrure.
  • Article 16 : Concerne le financement des mesures proposées.

L'article 11

L'article 11 concerne donc la représentation de la zoophilie, de la production à la consultation.

Pour faire simple, la motivation de cet article est de réduire la diffusion de vidéos zoophiles en ligne, et donc leur consultation.
Il est vrai que ce contenu est visible extrêmement facilement sur Internet, via de simples recherches Google.
Ce contenu, comme tout contenu à caractère pornographique, constitue un problème pour les pays comme la France, l'Angleterre, les Etats Unis, avec l'accès sans contrôle des mineurs à ces contenus en ligne.
La France a légiféré en 2020[10] pour obliger les sites diffusant de la pornographie en ligne de vérifier l'âge des internautes. L'Angleterre avait fait la même loi quelques années auparavant, avant de revenir sur la loi, qui a été jugée inapplicable.[11]

Cet article a été pensé à l'envers : les anti-zoophiles ont regardé ce qu'ils souhaitaient interdire (les vidéos zoophiles) et on fait une loi générale pour identifier ce contenu afin de l'interdire.
Au final:

  • cet article parle de zoopornographie, sans jamais définir ce terme.
  • condamne l'image ou la représentation d'un acte de zoophilie.

Plusieurs problèmes donc :

  • cet article va s'appliquer dans des contextes non prévus initialement (domaine de la culture, pratiques de l'élevage comme l'insémination artificielle, ...)
  • il va faire double emploi avec la loi déjà existante : l'article 521-1 pénalise déjà les actes de zoophilie, et l'article L227-24 interdit déjà la diffusion de contenu pornographique visible par des mineurs [12]

Lettre ouverte aux députés

Nous avons rédigés une lettre que nous avons envoyée par email aux députés, afin de leur faire part de nos retour sur cet article 11, et plus généralement, sur le combat de l'association Animal Cross.
Vous pouvez accéder au détail de cette lettre en cliquant ici.

Le parcours de la proposition de loi

Le parcours d'une PPL (proposition de loi) est toujours là même :
Dépôt à l'Assemblée Nationale -> choix d'une commission -> nomination de rapporteurs de la PPL
Audition par les rapporteurs de différents spécialistes du sujet -> Dépôts d'amendements -> examen des articles et des amendement en commission (ici 80 députés)
Dépôts de nouveaux amendements -> examen dans l'hémicycle (devant l'ensemble des 577 députés) des articles et des amendements
Passage au Sénat -> Dépôts d'amendement -> examen au Sénat devant les Sénateurs
Si le texte voté à l'Assemblée et différent de celui voté au Sénat, constitution d'une CMP (ensemble de quelques députés et sénateurs) qui vont arbitrer sur les différences.

Voici les dates clefs de cette proposition de loi :

  • 14 décembre 2020 : Dépôt à l'Assemblée Nationale.
  • 5 janvier 2021 : Lettre ouverte aux députés.
  • 7 janvier 2021 : Diffusion d'une vidéo de propagande d'AnimalCross sur Youtube[13] et mise en place d'une campagne de lobbying citoyen sur Factio.org[14]
  • 8 janvier 2021 : Mailing d'AnimalCross pour inciter à contacter les députés à voter l'article 11 et les amendements qui seront déposés.
  • 13 janvier 2021 : Nomination de rapporteurs de la proposition de loi : M. Loïc Dombreval , M. Dimitri Houbron et Mme Laëtitia Romeiro Dias.[5]
  • 13, 14, 15 janvier 2021 : Audition d'acteurs extérieurs par la commission en vue de la rédaction d'amendements au texte initial.[6][7][8]
  • 14 janvier : Relance du mailing d'AnimalCross
  • 17 janvier : Dépôt des amendements au texte initial
  • 20 janvier : Examen des articles et amendements en commission
  • 26 janvier : Examen des articles et amendements en séance publique (dans l'hémicycle)

Références