Psychopathia Sexualis
ATTENTION, cet article est une ébauche ! |
Cet ouvrage publié en 1886 présente une série de cas de "perversions sexuelles". Publié à de nombreuses reprises, il fit pendant longtemps autorité sur la question de la sexualité humaine. C'est dans cet ouvrage qu'apparaît pour la première fois le terme "zoophilie" dans son sens actuel.
L'ouvrage et la classification des perversions
Krafft-Ebing (Richard von) est l'auteur de plusieurs ouvrages et articles sur la psychiatrie mais son livre Psychopathia Sexualis est devenu son oeuvre la plus connue. L'ouvrage est d'abord un livre de médecine légale à l'intention des médecins et des juges. Rédigé dans un genre académique, l'introduction met en exergue le choix d'un titre scienfique en latin pour décourager certains lecteurs. Une des section du livre est même rédigée en latin dans le même but. Cependant l'ouvrage connu un large succès et fit l'objet de nombreuses traduction et réédition (12 éditions de son vivant).
Pendant des années l'ouvrage fit autorité sur les "aberrations" sexuelles et fut l'un des ouvrages les plus influents concernant la sexualité humaine avant les travaux de Freud.
Dans la première édition de l'ouvrage en 1886, l'auteur divise les "neuroses cérébrales" en quatre catégories:
- paradoxia, le désire sexuel à un âge inopportun comme chez les enfants ou les hommes âgés.
- anesthesia, l'insuffisance de désir
- hyperesthesia, le désir excessif
- paraesthesia, le désir mal orienté qui inclue l'homosexualité, le fétichisme sexuel, le sadisme, le masochisme, la pédérastie, et la zoophilie par exemple.
Du point de vue de Krafft-Ebing, le but du désir sexuel est la procréation et toute forme de désir qui n'a pas ce but est une perversion. Le viol, par exemple, est pour lui un acte aberrant mais pas une perversion dès lors que la conception d'un enfant peut en être le résultat. Tardivement l'auteur conclue cependant que l'homosexualité n'était pas une perversion mais le résultat d'un développement différentié du cerveau.
Krafft-Ebing et la zoophilie
On trouve la première occurrence du mot zoophilie dans son sens actuel dans cet ouvrage de Krafft-Ebing (Richard von) dans l'édition de 1886.
L'auteur publie aussi l'article Ueber Zoophilia erotica, Bestialität und Zooerastie dans Allgemeine Zeitschrift für Psychiatrie, vol 50, 1894, pp. 761-765.
extrait de la réédition de 1999, tome II, pp. 363-364
« Actes immoraux et cunnilinctus d’une femme avec un chien. La femme de B…, 36 ans, mère de huit enfants, est accusée d’adultère par son mari. D’après la déposition de la femme, elle a eu des relations sexuelles environ six fois avec le garçon de ferme ; son mari, avec qui elle vit depuis treize ans en bonne intimité, le lui a pardonné. Malgré cela, B… crut qu’on continuait à le tromper et demanda le divorce. Alors la femme accusa son mari d’avoir à plusieurs reprises exigé d’elle, il y a quelques mois, qu’elle s’accouplât avec le chien de berger. L’acte ne réussit que deux fois, la femme étant sur les genoux et sur les coudes. B… excita le chien jusqu’à l’érection, il posa ensuite les pattes d’avant du chien sur les épaules de la femme et dirigea le pénis dans ses parties sexuelles. Avant l’éjaculation, B… éloigna le chien et pratiqua le coït lui-même. B… avait mis cet acte en scène par curiosité et pour exciter davantage sa femme, car dans ses dernières années, elle était devenue sexuellement froide vis-à-vis de son mari. »
autre extrait... d'une autre édition semble-t-il
(traduction sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. G. Carré, Paris, 1895, pp. 547-548) :
"On connaît l’ordre donné par Frédéric le Grand au sujet d’un cavalier qui avait sodomisé une jument : « Ce gaillard est un cochon, il faut le mettre dans un régiment d’infanterie. »
Les rapports des individus féminins avec des animaux se bornent aux relations avec des chiens. Un exemple monstrueux de la dépravation morale dans les grandes villes, est le cas rapporté par Maschka (Handb. III) d’une femme qui, à Paris, en petit comité, contre une entrée payée, se montrait devant des débauchés et se laissait couvrir pur un bulldogue drossé à cette fonction !
Les tribunaux jusqu’ici n’ont pas prêté attention à l’état mental des sodomistes et n’en ont guère tenu compte.
Dans plusieurs cas, parvenus à la connaissance de l’auteur, il s’agissait de gens débiles d’esprit.
Le sodomiste de Schauenstein aussi était un aliéné. Le cas de bestialité suivant est évidemment dû à des conditions morbides. Il s’agit d’un épileptique. Le penchant sexuel pour les animaux apparaît ici comme un équivalent de l’instinct génital normal. »