Sculpture médiévale et zoophilie

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Graffiti zoophile médiéval ?

Au-delà des voûtes et des arcades en plein cintre généralement admises comme la marque caractéristique du roman (par opposition au gothique), un œil averti découvre en y regardant de plus près tout un langage imagé, véhiculé par la sculpture et le bas-relief, truculent et souvent scabreux.

Parsemés dans les quelques 15 000 édifices construits à cette époque sur une aire géographique qui s'étend de la Bourgogne au Portugal, près d'un millions et demi de représentations pornographiques sont recensées. Elles mettent en scène des figures aux sexes surdimensionnés des représentations scatologiques ou de zoophilie.

Ces représentations sont distinctes d'autres qui renvoient au jugement dernier ou aux enfers en ce qu'elle se caractérisent par une certaine gratuité.

On ne connaît pas réellement le sens de ces sculptures évoquant de façon très explicite des sexes masculins et féminins, des accouplements ou des scènes de défécation que l'on retrouve non seulement dans des petits édifices ruraux que des cathédrales sous les corniches extérieures ou mêmes intérieures. Souvent dans des coins discrets, elles sont parfois exposées à la vue de tous.

Exemples de modillons pornographiques


Exemples de figures ithyphalliques et d'animaux lubriques


Exemples mettant en scène des humains et des animaux ou des monstres

Certaines images reprennent la figure classique du tirage de barbe métaphore de la masturbation ou de l'homosexualité avec des centaures.

Exemples mettant en scène des humains et des animaux

Manifestement d'inspiration moins lubriques, les images qui suivent concernent des descriptions des enfers comme dans le jugement dernier où des monstres violent sans répit les damnés.



Interprétation

Les nombreuses sculptures pornographiques qui ornent des édifices religieux du Moyen-Âge n'ont jamais été interprétées de façon réellement satisfaisante. Il est pourtant étonnant que l'Église chrétienne ait laisser orner ses édifices de représentations scabreuses du 11e au 12e siècle.

Il est possible que ces représentations échappent en réalité aux demandes du commanditaires et soit le reflet de l'expression libre du petit peuple amené à intervenir sur les chantiers. Dans ce cas, ces figures pittoresques parfois sculptées de manière naïves, d'autre fois avec plus d'habileté, reflèteraient le monde savoureux de l'imaginaire de l'époque. Toutefois, on ne sait guère à quel point ces représentations étaient considérées comme grivoises ou obscènes à l'époque.

Ce type de scène semblant devoir être proscrits de l'iconographie chrétienne, certains ont émis l'hypothèse qu'il pouvait s'agir d'une sorte de farce. En quelque sorte d'une réaction des tailleurs de pierre face à des commanditaires tenant mal leurs engagements financiers.

Selon un photographe chilien, Claudio Lange, qui s'intéresse à ces sculptures, elles seraient plutôt la manifestation d'une forme de propagande anti-islamique imaginée par l'église catholique pour légitimer les croisades. En effet plusieurs détails révélateurs comme le port de la barbe ou le turban tendent à identifier dans certaines représentations le musulman.

Les organes sexuels surdimensionnés des figurines qui copulent, se masturbent, s’enivrent, s’adonnent à la prostitution ou à la zoophilie seraient selon lui censés attiser la haine des chrétiens contre les musulmans pour leur faire prendre les armes. Cette représentation visuelle au cœur des cités, permettait à toute la population chrétienne de s’imprégner quotidiennement de cette certitude : les musulmans seraient porteurs de toute la décadence du monde. Il s'agirait donc "d'arguments martelés dans la pierre" et facilement compréhensibles et reconnaissables par les fidèles. Cependant rien n'atteste réellement de cette interprétation.

Quoiqu'il en soit, ces représentations de zoophilie montrent pour le moins que la question des relations sexuelles entre hommes et animaux a toujours hanté notre imaginaire.

Extraits du documentaire L’ennemi mis à nu

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Sources

Liens externes

Voir également