Taboo Science - La Zoophilie et sa communauté invisible

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Taboo Science

Taboo Science

Ashley Hamer

Taboo Science est le nom d'un podcast américain sur Youtube.

Voici la présentation de la chaine :

"Le podcast qui répond aux questions que vous n'avez pas le droit de poser. Il est animé par Ashley Hamer, une écrivaine scientifique et podcasteuse. Chaque épisode plonge dans un tabou sociétal différent pour comprendre la science qui le sous-tend, les raisons pour lesquelles nous n'en parlons pas, et l'impact que cela a sur la société en général. Pourquoi ne mangeons-nous pas des gens ? Pourquoi mes gros mots sont-ils différents de ceux de mes parents ? Et qu'est-ce qui fait que le porno est du porno ? C'est un cours de sciences si ce cours avait une de ces boîtes à questions anonymes. C'est Taboo Science."


Le 30 Mai 2024, sa créatrice, Ashley Hamer, a publié un épisode intitulé "Zoophilia and the Hidden Community That's Into Animals".

Dans cet épisode, elle revient sur la zoophilie, à l'occasion d'une étude faite sur la zoophilie par le Dr Alexander Zidenberg via le forum américain ZooVille.

Ce numéro aborde les points suivants :

  • rapide historique
  • une interdiction qui défend la dignité humaine puis les animaux
  • différence bestialité / zoophilie
  • l'étude faite via ZooVille
  • une échelle à 4 axes pour définir cette orientation sexuelle
  • le furry
  • l'échelle dédiée à la zoophilie
  • interview des animateurs du podcast Zooier Than Thou
  • la prévalance de la zoophilie
  • vivre en étant zoophile

Je vous laisse découvrir par vous même l'intégralité de ce numéro, mais plusieurs points sont intéressants.

Accéder au podcast

Vous pouvez accéder à ce podcast via 2 vidéos :

Le sous titrage français a été soumis à la créatrice Hashley Hamer, et on a bon espoir qu'il soit intégré à la version original sur la chaine Taboo Science.

Une définition de la zoophilie

J'avais tellement participé à des débats sur la différence zoophilie / bestialité qu'entendre reparler de ces termes m'a donné la nausée.
En fait, j'avais tort, parce que c'est un prérequis essentiel à toute communication sur le sujet.

Pour faire court, la zoophilie c'est l'attirance pour les animaux, et la bestialité c'est l'acte sexuel. Par exemple vous pouvez être hétérosexuel et ne jamais avoir eu de rapport sexuel avec une personne du sexe opposé. Il en est de même pour la zoophilie (ce en quoi je me retrouve complètement, étant devenu un zoo-romantique depuis presque 15 ans maintenant).

Ce qui est important de comprendre, c'est que les 2 n'ont "rien à voir", au sens où un zoophilie est la personne attirée par les animaux, et que la bestialité et l'acte sexuel. Un zoophile peut être bestialiste (je n'aime pas ce terme mais il faut savoir de quoi on parle).

C'est important pour la suite, parce que lorsque je parle de zoophile, je veux parler de la personne attirée par les animaux, au sens "orientation sexuelle".

Une véritable orientation sexuelle

Ashley Hamer, avec le concours de Steeeeeeeeeve de Zooier Than Thou, explique que la zoophilie est une véritable orientation sexuelle en se basant sur deux constats : la diversité des zoophiles et l'âge de la découverte.

La diversité des zoophiles

Nous l'avons tous constaté depuis des décennies : il n'y a aucune logique dans la répartition des zoophiles. Ils sont partout, ils peuvent être n'importe qui. Il n'y a pas de prévalence, c'est à dire vous pouvez prendre n'importe quel sous groupe de la population, vous aurez toujours des zoophiles : ruraux, citadins, blancs, noir, riches, pauvres... On parle bien d'attirance, et pas d'activité sexuelle.

Comme l'explique Steve, de ZTT, c'est un peu comme si des Extra Terrestres étaient venus, avaient enlevé des personnes de façon aléatoire, et avaient dit "ceux là sont zoophiles".

Comme le précise Ashley Hamer, c'est la même chose pour les personnes LBGTQ. Normal, puisque les 2 sont des orientations sexuelles : il n'y a pas de facteur culturel, génétique, économique qui fait qu'une personne "devient" zoophile (attirée par les animaux).

L'âge de la découverte

C'est un autre point clef qui démontre que la zoophilie est une orientation sexuelle : l'âge de la découverte de cette attirance se fait très tôt, généralement entre 7 et 10 ans, mais parfois même avant, comme en témoignent certaines personnes de Zooier Than Thou.

L'intégralité des personnes qui ont contribué à mettre ce wiki en place, il y a presque 20 ans maintenant, étaient concerné par cet état de fait.

Si, aujourd'hui Internet cause un biais dans cette découverte, ce n'était pas le cas "à notre époque", où nous avons découvert cette attirance par nous même, sans connaitre son existence, sans même savoir comment la nommer.

C'est encore un point commun avec, par exemple, la communauté LBGTQ.

Un spectre à plusieurs branches

Le Dc Alexander Zidenberg explique que l'étude menée via ZooVille a permis de mettre en évidence diverses échelles.
4 principales :

  • la zoophilie
  • l'opportunisme
  • la zoophilie nécrophile
  • le zoosadisme

1 sous échelle :

  • le furry

On peut avoir des chevauchement d'échelle mais la très grande partie des zoophiles qui ont participé à cette étude se situait uniquement sur l'échelle "zoophilie".

Comme je l'expliquais dans mon article sur le spectre de la zoophilie et comme l'explique Aquaa dans ce podcast, la zoophilie est une échelle qui commence par "non zoo-sexuel" (au sens bestialité, donc qui n'a aucune relation sexuelle avec les animaux, plutôt un zoo-romantique donc).

La zoophilie est-elle quelque chose de mal ?

Cette partie est vraiment très intéressante. Ashley Hamer explique qu'elle ne donnera pas de réponse à cette question, évidemment, mais qu'elle va présenter les arguments les plus courants qui vont "contre" la zoophilie.

On retrouve donc ce que nous savons déjà, mais très bien présenté.

Le consentement

Comme l'explique Aquaa de ZTT, on a tous eu une vingtaine d'année pour répondre à cette question. Evidement que les animaux peuvent consentir, il suffit de regarder un étalon et une jument : si elle veut pas, elle le montrera, et si l'étalon insiste, il peut être blessé, voir tué.

Et, comme on le sait tous, cette question du consentement n'est posée que lorsqu'on parle de zoophilie.

Aquaa explique son point de vue, auquel j'adhère sans réserve : si la zoophilie est mal parce qu'un animal ne peut pas donner son consentement, alors l'élevage d'animaux est également quelque chose de mal.

Nous le savons très bien ici en France, puisque la loi vient préciser que les pratiques liées à l'insémination artificielle, donc l'élevage, sont les seuls contacts sexuels, avec les soins lié à l'hygiène, à être autorisés en France.

Le test de consentement

Je ne connaissais pas cette notion, du moins je ne savais pas que cette notion était documentée.
Le test de consentement est cette façon de tester le consentement d'un animal, en général avant de faire des soins.
Le staff de ZTT explicite cette notion dans ce podcast, en prenant l'exemple de la coupe des ongles chez le chien. On cherche à obtenir le consentement du chien lors de cette activité via ce test de consentement. On voit de suite si l'animal accepte ou non.

Adshley Hamer explique que en temps que passionnée de chat, elle connait évidement cette notion, elle donne l'exemple d'un chat qu'on souhaiterait caresser: on lui propose, et suivant sa réaction, on sait s'il est d'accord ou non pour être caressé.

Conclusion

Le Dr Alexander Zidenberg conclue très bien sur cette attirance pour les animaux, en expliquant que même si ça peut déstabiliser ou mettre mal à l'aise, si on fait abstraction de la loi et de la morale, il n'y a rien de mal à être attiré par les animaux : l'être humain est attiré par tout un tas de choses différentes.

Les risques liés à la zoophilie et/ou son étude

Hashley Hamer fait remarquer que le staff de ZTT ne témoigne qu'en étant masqué.

Nous savons ici combien il est risqué d'apparaitre publiquement comme zoophile. Benoit Thomé, qui est à l'origine de la nouvelle loi interdisant tout contact sexuel avec un animal, avait même, en 2021, doxé une personne présentée comme zoophile. Son but était simple : faire cesser une infraction de bestialité en publiant les coordonnées de la personne. Parce qu'il sait très bien ce que risquent les personnes zoophiles dont l'identité est rendue publique.

Mais on apprend ici de la bouche du Dr Alexander Zidenberg que même le fait d'étudier le sujet de la zoophilie est quelque chose de risqué : elle a pu recevoir des menaces plus ou moins dissimulées, allant de simple GIF montrant un broyeur à des menaces de mort.

Le staff de ZTT revient sur des éléments concrets concernant ces menaces, Toggle ayant également été doxé il y a quelques mois/années comme étant zoophile et animateur du podcast Zooier Than Thou.

Jenny Edward

Jenny Edwards

Jenny Edward est le Benoit Thomé américain. Elle était à la tête de l'association de protection "Hope for Animals", que l'on voit dans le documentaire "Zoo" de Robinson Devor, qui relate la vie et la mort de Kenneth Pynnian, connu sous le pseudo "Mr Hand".

Jenny Edward a d'ailleurs été invitée lors d'une conférence anti zoophile animée par Benoit Thomé en 2022. (voir la page dédiée)

Dans une interview, Jenny Edward explique que les zoophiles ont souvent des sextoys plug anaux, pratiquent le BDSM, et possèdent un kit médical de secours. Mais comme le précise Hashley Hamer, ces éléments sont également très répendus dans le monde LGBTQ...

La vie en tant que zoophile

Ici, le podcast prend une tournure à laquelle je ne m'associe pas forcément.

L'idée est d'expliquer que en tant que zoophile, vous pouvez vivre une vie tout à fait épanouissante. Des exemples sont donnés par le staff de ZTT, expliquant qu'être zoophile n'est pas synonyme de vie solitaire, privée d'amour et de sentiments.

Alors, oui et non. Dans une interview publiée ici même pour des étudiants journalistes qui travaillent sur le sujet de la zoophilie, on avait préféré défendre l'idée inverse.

Tout d'abord dans un but non caché de non prosélytisme, mais s'il est vrai qu'être zoophile ne prive pas de relations humaines et d'amour, je trouve qu'il y a une incompatibilité entre le fait de vivre pleinement sa zoophilie/bestialité et avoir une vie sociale et amoureuse "humaine" pleinement épanouie.
Ce n'est pas impossible, et je pense que c'est ce qu'a voulu expliquer le staff de ZTT, mais c'est assez rare dans l'absolue: il y a plusieurs critères nécessaires pour y arriver, et si chacun de ces critères peut être validé séparément, les valider tous en même temps me semble compliqué.

Assez compliqué par exemple pour que je conseil aux personnes qui ne sont pas sûr de leur orientation sexuelle de tenter "tout" sauf la zoophilie, et de ne confirmer cette orientation qu'après être sûr qu'on ne soit pas attiré par les humains.

Comme l'explique le staff de ZTT, oui on peut être aimé en tant que zoophile, on peut avoir une vie sociale, on peut faire son coming out auprès de ses proches et être totalement accepté. Oui, c'est possible. Mais c'est pas forcément facile d'y arriver, et il faut juger le chemin parcouru après être arrivé à son but.

S'il est facile de dire, à 50 ans : "je vis avec mes animaux, mes amis, ma famille connaissent mon attirance pour les animaux", c'est pas forcément le plus facile à vivre à 18 ans.

Exposure is the solution

Cette expression est le slogan du podcast Zooier Than Thou. On pourrait le traduire par "l'exposition est la solution".

Cette notion signifie qu'il faut "sortir du placard", arrêter de vivre reclus en tant que zoophile. Alors oui, mais pas n'importe comment.

Bien entendu qu'une personne aura une vie plus épanouie si elle suit ce mantra. Mais il peut y avoir des dommages collatéraux, et on retrouve en fait ici les même problématiques que pour la communauté LGBTQ. Ce n'est pas forcément plus simple de s'afficher être gay que de s'afficher comme étant zoophile : cela dépend de votre entourage, de votre lieu d'habitation, de l'évolution de la société, de l'époque dans laquelle vous vivez, etc ...

Zooier Than Thou entend lutter contre l'isolation des zoophiles, et la simple présence de leur podcast va dans ce sens : c'est tellement bon d'écouter un podcast sur la zoophilie alors qu'on se sent seul, isolé, incompris.

C'est tellement précieux d'entendre des personnes "comme nous" parler librement, rire, s'amuser, comme une bande d'amis.

Je reviendrais personnellement sur cette notion prochainement, parce que je me rends compte en écrivant cette partie que je n'ai pas forcément la meilleur approche.

Toggle rappelle que s'exposer en tant que zoophile permet également de dissiper le stéréotype du zoophile, cette image de "baiseur de chèvre" qui nous colle à la peau. Oui, il a raison, mais les avancées d'un groupe ne doit pas se faire au détriment de dommages collatéraux.

Lorsqu'on dit que s'exposer est la solution, il faut être conscient du risque que l'on peut faire prendre à des individus, qui peuvent être psychologiquement fragiles.

Mais c'est le même risque que de dire à un gay "exposure is the solution".

Et c'est là que mon cerveau entre dans un maelstrom, avec d'un côté une communauté et de l'autre des individus. J'y reviendrais plus tard.

Conclusion

Au final, ce podcast est extrêmement positif : il est court, concis, simple à comprendre et balaie en peu de temps tous les aspects de la zoophilie et de la bestialité.

C'est un épisode que l'on peut facilement diffuser, mettre entre toutes les mains, pour sensibiliser sur le sujet.

Il fait clairement avancer la cause, de façon objective, et fait en plus la promotion de ce superbe podcast Zooier Than Thou, et vous savez combien je l'affectionne.